Elisel était dans son atelier, comme à son habitude quand elle n'était pas en train de se promener dans les jardins, ou à son secrétaire à écrire à son coeur. Nestor, avec ses manières et ses courbettes, vint la chercher en s'excusant autant qu'il pouvait de la déranger ainsi. Y avait-il une pointe de sarcasme dans ses excuses, Elisel n'aurait su le dire. Elle haussa les épaules et posa ses pinceaux et son tablier pour l'accompagner, toujours très droit, jusqu'au salon d'accueil.
Décidément, il allait falloir qu'il mette un peu de fantaisie dans sa vie, ce garçon... Une nouvelle domestique, il fallait qu'ils trouvent une nouvelle domestique, pour s'occuper de l'entretien de la propriété, et faire tourner la tête de ce pauvre Nestor...!
Arrivée aux portes du salon, elle attendit que le valet lui ouvre mais comme il n'en faisait rien et restait planté là, elle poussa elle-même les vantaux et entra dans un léger frôlement de jupes pour venir saluer la nouvelle arrivante.
Bien le bon jour, Diane! Sois la bienvenue à Andéol.
Nestor t'a-t-il bien accueillie, et pas trop étouffée...?
Je suppose que tu viens pour cette commande que nous avons évoquée toutes les deux? Allons à l'atelier, nous y discuterons plus tranquillement sans oreilles indiscrètes. Enfin, sans autres que celle des clients déjà installés...
Par ici, je t'en prie.
Et elle invita d'un geste son interlocutrice à la suivre au dehors, puis dans les allées du jardin pour se rendre finalement à son atelier, à l'écart de la propriété.