Accueil de Ninouchka

Prise par ses pensées et par une petite inquiétude compréhensible à l'idée de rencontrer un Duc qui lui était inconnu, Ninou ne remarqua pas tout de suite que le "valet" s'était arrêté.

Elle faillit le heurter ... il était là, tout près d'elle, souriant de toutes ses dents et tendant la joue.

Le discours qu'il lui tint la laissa d'abord sans voix ... il était d'un culot monstre cet homme !!!

Puis l'indignation prenant le dessus, elle lui dit :

Ne pas pouvoir me passer de vous !!! Et puis quoi encore ??? Il y a une demi-heure, je ne savais même pas que vous existiez ! Et vous suivre m'a semblé normal puisque vous avez quitté le salon sans un mot ! Vous ne m'avez pas dit que vous alliez chercher le D ...

Confuse, Ninouchka s'arrêta au milieu de sa phrase. Des mots prononcés par l'homme qui se tenait devant elle, lui revenaient en mémoire :

Excusez-moi ... vous avez raison ... vous m'avez dit que vous alliez le chercher mais dans des termes tellement inconvenants que je les ai évacués de mon esprit.

Ninouchka ne fit ni une ni deux, elle tourna les talons :

Je retourne au salon ... j'attendrai là comme prévu.

Arrivée au salon, elle s'approcha de la cheminée, tendant ses mains gelées vers les flammes.

Ca fait du bien de lui échapper se dit-elle. Pourtant, elle commençait à réaliser que cet homme, sans le savoir, lui avait rendu service. Elle qui était facilement anxieuse, avait oublié pendant un moment ses appréhensions par rapport à cette entrevue. Les manières du soi-disant valet lui avaient permis de penser à autre chose ...

[ne soyez pas désolé ; il n'y a aucun problème]



Mains tendues vers la chaleur, yeux fixés sur le feu, les pensées de Ninouchka dansaient en suivant le mouvement des flammes.

Ce décor faisait remonter les images heureuses et douloureuses de son passé. Elles se heurtaient les unes aux autres et venaient se mêler à celles de sa vie à Blois.

Blois ... son cocon, son abri, sa vie ...

Elle fut sortie de sa rêverie par une voix qui la saluait.

Elle se tourna vers l'homme qui venait de se présenter et, faisant une brève révérence, en fit autant :

Bonjour Votre Grâce. Je suis Ninouchka.

Elle lui rendit son sourire :

Tout s'est bien déroulé sur la route malgré le froid. Je vous remercie de votre sollicitude.

Elle prit sur la chaise où elle l'avait déposé, le paquet que Ju lui avait demandé de remettre au Duc de sa part.
Pendant un instant, elle fut sur le point de le lui donner immédiatement, mais elle se ravisa et lui dit :

Je vous suis.