Un gîte pour la nuit

Veuve d'un Cha Messages : 825 Localisation RR : Blois

En haut, après avoir quitté la grand'salle et monté les escaliers, Elisel toujours au bras de son géant ouvrit la porte de sa propre chambre, délaissant celle des invités.

Tout était toujours à la même place qu'à sa première visite, chaque objet à une place figée, comme pour garder un semblant de stabilité et de vie à la pièce.
Un grand lit recouvert d'un édredon et d'oreillers à foison, avec une cape à lui étendue par dessus pour la protéger du froid, la coiffeuse dans un coin avec quelques nécessaires de beauté inutilisés depuis longtemps, la psyché à côté recouverte d'un drap pour ne pas voir plus que nécessaire son propre reflet, et les coffres ouvragés disséminés un peu partout, pour ranger à l'abri ses tenues, désespérément fermés.
La bouteille de parfum en forme de vague, offerte par le Capitaine la première fois et vide depuis longtemps, ornait la table de la coiffeuse, comme pour lui prouver dans ses heures sombres qu'elle n'avait pas inventé ces dernières années.

J'espère que le gîte sera à votre convenance.

Elle s'arrêta un instant, observant la pièce et se demandant ce que lui y verrait. Saurait-il qu'elle avait passé la plupart de son année dans son lit, à ne rien faire que fixer les murs ? Qu'à des moments, elle avait même songé à se débarrasser de toutes ses tenues plutôt qu'elles ne moisissent chez elle ? Que sous le drap, la psyché était en morceaux ? Que cape, édredon et coussins ne suffisaient pas forcément à ce qu'elle n'ait pas froid ?

Se tournant finalement vers lui, elle passa un doigt léger sur sa tempe, à côté de son oeil désormais quasiment aveugle.

Alors, me raconterez-vous ?

Plus d'invitation de sa part, elle avait bien trop peur d'une nouvelle déconvenue.
Le sujet, s'il n'était pas neutre, correspondait du moins au programme proposé. A lui de voir à quel rythme il voulait conter l'histoire.

Messages : 13 Localisation RR : Tours

Se laissant entraîner jusqu'à la chambre d'Elisel, Eddard se prit à songer que le nombre de nuits passées ensemble était dérisoire au vu de leur relation qui durait depuis près de trois ans.
Une pensée en entraînant une autre, le fait de la suivre jusqu'à sa chambre réveillait en lui une envie qui sommeillait depuis de nombreux mois. Il s'était tant habitué à l'abstinence lors de cette dernière année qu'il avait pensé sa libido au plus bas, mettant cela sur le compte de l'âge.
Mais Elisel était affaiblie, épuisée, au plus mal. Elle n'avait sans doute pas besoin qu'il la brusque.
Secouant la tête, comme pour chasser ses pensées, il se força à penser à autre chose.

La porte s'ouvrit, dévoilant la chambre de la maîtresse des lieux. Il régnait dans cette pièce une atmosphère froide pesante, comme ci la chambre n'avait été témoin d'aucun moment de bonheur depuis de nombreuses années. Pourtant elle était presque comme dans ses souvenirs, tout y était, mais quelque chose clochait.
Mais cela attendra, il fallait dire quelque chose d'agréable, la rassurer, lui montrer qu'il tenait à elle.
Et soudain, la lumière lui apparut. Oui, il pouvait passer des heures à expliquer ses heures les plus sombres, ils pouvaient parler à cœur ouvert, se dévoiler leurs blessures. Mais avaient ils vraiment besoin de cela en cet instant? Ils venaient de se retrouver, et se tenaient là, au milieu d'une chambre froide. Et elle lui caressait la tempe, avec douceur. Lui la fixait, s'attardant sur son visage aux traits creusés. Et l'envie qui le reprenait, de la soulever dans ses bras puissants et de la redécouvrir, de lui montrer que malgré les dommages causées à son corps il la désirait toujours.
Alors pourquoi hésitait il?

Elisel...

"J'ai envie de vous..." Il voulait le dire, mais les mots ne sortaient pas.

Lentement, sa main gauche se leva pour se posa sur le visage d'Elisel, s'attardant sur sa joue, avant de descendre sur son cou, et se poser sur sa poitrine. Il sentait son pouls battre, et il n'avait plus envie de parler.
Sans qu'il ne commande à son corps, celui ci fit un pas en avant, se collant au sien. Sa main libre se posa sur sa nuque, effleura son dos en une caresse, et termina sa course sur son fessier.
Il ne reviendrait en arrière, ils devaient se retrouver.

J'ai envie de vous, mon Elisel...

Veuve d'un Cha Messages : 825 Localisation RR : Blois

Maigre ! Maigre, maigre, maigre !
Le mot tournait en boucle dans sa tête, tandis qu’Elisel sentait la main d'Eddard sur elle, et un sursaut de timidité s’empara de tout son être tandis qu’il atteignait le bas de ses reins, comme s’il ne l’avait encore jamais touchée.
Cela semblait si lointain. Dans une autre vie. Quand elle était encore vivante, en chair, et en bonne santé. Quand elle supportait encore son reflet.

Effarouchée, elle baissa les yeux, son regard se perdant sur sa serre dextre redescendue sur le torse puissant, comme un geste pour l’empêcher d’aller plus loin. Tremblante. Ridicule. Elle savait pourtant ce qui allait se passer, elle n'était plus une vierge qui s'initiait aux plaisirs de l'amour. C’était même elle qui l’avait invitée, pressée de se retrouver dans ses bras et qu’il lui confirme qu’elle ne rêvait pas. Alors quoi ? Que craignait-elle qu’il découvre, qu’il n’ait pas encore compris ? Elle s’était présentée sans fard ni artifice, choisissant l’honnêteté, pour qu’il puisse être honnête à son tour. Et il avait décidé. L’avait-elle influencé par son comportement ? Se forçait-il, en mémoire de leurs trop rares nuits communes ? Allait-il être déçu ? Oui, obligatoirement, ils ne pourraient pas faire comme si rien n’avait changé, mais puisqu’il n’avait pas encore fui, à quoi bon se torturer plus.

Sans plus d’hésitation, tâchant de maîtriser ses tremblements, sa seconde serre rejoignit la première pour déboutonner lentement l’ample manteau noir, ses sourcils se fronçant brièvement quand les attaches résistaient, comme pour la narguer. Les mains caressèrent alors, légères, le torse aimé, les épaules larges, passant sous le vêtement pour le faire tomber à terre. Finalement, la blonde releva les yeux pour fixer l’unique en face d’elle, et sans ciller dénoua son châle, le laissant couler sur ses bras pour l’envoyer rejoindre le cuir au sol, avant de revenir enlacer le cou de son capitaine et de se coller à nouveau contre lui.
Il n'y avait rien à dire, là, maintenant, elle ne voulait rien d'autre que de l'embrasser, pour que commence enfin la valse immémoriale des amants.

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