Mariage, préparation.

Tu m'as l'air bien songeuse Eli ... Ninou observait, en souriant, le cheminement des pensées d'Elisel sur son visage. Ne t'inquiètes donc pas de tout ... pense à toi aujourd'hui et rien qu'à toi.

Après l'excitation du réveil, Eli était retournée dans son lit pour profiter du petit déjeûner apporté par Ju.

Pendant ce temps les filles organisaient le "salon de beauté" et défroissaient les robes.

Elisel regardait ses témoins se préparer l'une après l'autre. Une fois leurs toilettes finies, elle eut l'impression qu'elle devenait juge, et réprima un rire. Elle seraient parfaites de toute façon, elle devaient bien le savoir?
Ninouchka était superbe, ainsi parée. Effectivement, son cavalier pouvait craquer... Elle eut une grimace, qu'elle dissimula rapidement dans un sourire.
Vraiment très jolie!
Puis elle passa à Ju, qui se tenait toute droite, se demandant en mariage devant le miroir. Elle éclata de rire avec ses amies, puis répondit à Ninou.
Elle est parfaite comme ça, ne change rien, surtout!

En voyant les filles revenir vers son lit, le coeur d'Eli recommença à battre plus fort. C'était son tour maintenant...
Je ne suis pas encore d'Andéol, Ju! Après la cérémonie seulement.
Et tu vas arréter les courbettes s'il-te-plaît, Nestor en fait bien assez comme ça pour tout le monde! 'Tention, hein!
Elle essayait de prendre un air faché, mais les mimiques de son amie étaient tellement risibles qu'elle finit par sourire, puis par rire franchement.

Bon allez, faut vraiment y aller je crois, là! Sinon, on sera pas à l'heure. La mariée doit se faire attendre, mais quand même pas trois jours...

Et avec un soupir terrible après les couvertures qu'elle laissait, elle sortit les pieds du lit, se mit lentement debout, et se laissa entrainer dans le tourbillon de ses amies. Pour une fois, ce ne serait pas elle, le tourbillon. C se calmait pour la journée...

Elisel avait l'impression d'évoluer comme dans un rêve, au milieu d'un cocon de douceur, ne réfléchissant à rien, se laissant pouponner, papouiller, dorlotter, bichonner. De l'eau, du lait... Elle ne savait même pas qu'on pouvait se mettre autant de choses sur la peau! Elle s'imagina dans un bain, la peau toute frippée à force d'être restée trop longtemps, et l'image lui arracha une pensée fugitive, alors même qu'elle commençait à s'habiller : S'il voyait une peau frippée comme ça, avec n'importe quels dessous il allait s'enfuir en courant!!

Pourtant elle ne dit rien, décidant de faire confiance à ses amies. Après tout, elles avaient déjà été témoins à plusieurs mariages... Levant les bras pour enfiler la robe, elle la sentit glisser, fluide, sur son corps, pour finalement retomber en plis sur ses pieds. Elle serra les dents quand Ninou commença à lacer le corset, inspirant profondément. Il lui fallait une taille fine! Pourvu qu'elle puisse encore respirer après!! Pfff! Oui, c'était bon... Elle ne ne devait pas courir, c'était tout!
La dentelle par dessus, les doigts qui se coinçaient dans les trous. Elle avait de ces idées bizarre quand même. De la dentelle en Novembre! Pourvu que la chapelle soit comble, pour qu'il fasse à peu près chaud...

Elle sourit à la remarque de Ju.
Il faudra juste qu'il soit un peu patient. Aucun intérêt si tout s'en va en deux minutes! Mais j'espère que vous m'avez fait des noeuds qui se défont! Je n'ai pas envie de tout couper, après le temps passer à la faire!

Ah, plus le droit de parler, séance maquillage et coiffure! Oulà, les noeuds... Ju arrachait conscienceusement la tête d'Elisel, et Ninou essayait tant bien que mal de la maquiller malgré son visage qui bougeait en tout sens. Elles en avaient du mérite, les filles!!!

Le parfum... Elisel sourit à Ninou, secouant la tête doucement.
Raté Ninou! Aujourd'hui, un seul parfum peut convenir...

Elle se leva tant bien que mal, se dirigea vers une petite commode où elle avait rangé les choses à ne surtout pas oublier pour la journée. Elle préleva quelques gouttes à un petit flacon d'essence de violettes : un point sous le lobe des oreilles, un point au creux de la gorge, un point sur les coudes et les poignets.
Puis elle avisa les objets qu'elle ne devait pas oublier : le ruban bleu de Diane, le collier avec une colombe se transmettant de génération en génération d'Hatsu. Elle entrelaça le ruban et le collier, retourna auprès des filles pour se le faire nouer au poignet gauche, côté du coeur...

Elle se regarda dans le miroir, pencha la tête pour qu'elles lui mettent son voile, se redressa.
Je pense que tout est bon, maintenant? finit-elle d'une voix mal assurée.
L'heure approchait, et elle sentait monter la tension, de plus en plus.